Archives de l’auteur : Dominique Raymond

Les amis imaginaires

« Aux grands lecteurs les personnages des romans deviennent plus réels que les personnes de la vie. Ils pensent souvent à eux, leur rendent visite dans les livres, ils les aiment beaucoup, ils leur manquent souvent, les agacent parfois, enfin, des amis, quoi. » Charles Dantzig, Pourquoi lire ? Grasset, Le livre de poche, 2011, p. 93.

Le personnage farfelu

Le laboratoire pluridisciplinaire LASLAR de l’Université de Caen Basse-Normandie lance un appel à communication pour un colloque ayant comme thème Le personnage farfelu dans la fiction littéraire (XXe-XXIe siècles). Voir l’appel ici.

Construire un personnage

« Un personnage n’existe pas : existent les mots qui le suggèrent. »

« Un personnage n’existe pas : existe l’histoire qu’il contribue à porter. »

« Un personnage n’existe pas : existe la transparence qui fait voir la couleur de sa cervelle et la maladie de ses boyaux. »

Matt Olbren | Construire un personnage (aphorismes sur)

première traduction française du premier guide historique de l’american creative writing, par François Bon

 

Narrations d’un nouveau siècle, romans et récits français (2001‑2010)

Les actes du colloque qui s’est tenu au centre culturel et international de Cerisy‑la‑Salle du 16 au 23 août 2011, Narrations d’un nouveau siècle, romans et récits français (2001‑2010), publiés en février dernier, font l’objet d’un recensement chez Fabula. Lire ici le compte rendu qu’en fait Claire Colin.

Personnage peu marquant, lecteur peu marqué

« L’homme cultivé moyen peut citer plus de philosophes français vivants que de romanciers. Il est également capable de se rappeler un ou deux concepts aux noms compliqués — la déterritorialisation, le Panoptique, le Pli — mais il est incapable de citer le nom d’un seul personnage de roman français contemporain. » Aurélien Bellanger, La Théorie de l’information, Paris, Gallimard, 2012, p. 407-408.

Constat sévère sur la lecture, ou plutôt l’absence de lecture, des romans. Proposons une autre hypothèse : et si la difficulté de citer le nom d’un protagoniste était liée à la configuration des oeuvres contemporaines, qui mettent en scène des personnages inactifs, déconnectés, ordinaires voire effacés ?

Nouvel essai sur les personnages

Le centre de recherche sur les médiations (CREM) de l’Université de Lorraine vient tout juste de publier l’étude de Vincent Vercelle, Faire dire, pour décrire. Caractérisation langagière des personnages et poétique du récit dans la littérature comique et satirique (XVIIe et XVIIIe siècle).

L’auteur prend soin de préciser qu’il envisage la caractérisation comme procédant non pas des intentions esthétiques singulières d’un auteur, mais d’une poétique du récit; en d’autres termes, il s’agit d’un mécanisme du texte narratif, dont certaines constantes peuvent être décrites.

Instabilité du lieu dans la fiction narrative contemporaine

Tel est le titre du dernier opus de la revue temps zéro.

Les articles réunis dans ce dossier, dirigé par Élisabeth Nardout-Lafarge et Francis Langevin, posent la question du lieu à des textes contemporains, français et québécois. Il s’agit à la fois de repérer les procédés qui construisent et dynamisent le lieu fictif pour faire apparaître les dispositifs narratifs qui en résultent, et d’interroger, à partir d’ensembles plus vastes, la construction notionnelle du lieu et ses effets axiologiques et idéologiques.

L’avatar salvateur

« Il n’avait pas de vie sentimentale parce qu’il était timide et c’est seulement devant l’écran, en devenant son avatar qu’il se débarrassait de sa timidité. Quand il éteignait son ordinateur, la timidité reprenait le dessus et c’était la raison pour laquelle il était constamment connecté. Sa vie réelle se déroulait dans le monde virtuel, éteindre son ordinateur équivalait à éteindre sa vie et qui pourrait faire ça, éteindre sa vie ? », Pia Peterson, Le Chien de Don Quichotte, Paris, éditions La Branche, 2012, p. 48.

« si ce n’était pas trop me demander »

On constate aisément l’agir problématique du personnage contemporain; même une action plaisante et peu engageante, imaginer, demeure pénible :

« je regardais tout cela distraitement, imaginant une de ces joueuses nue sous son maillot à bretelles, un peu passivement, sans vrai effort d’investigation, sans chercher à connaître (…) la nudité réelle de cette jeune femme, ni même, au prix d’un effort pourtant minime, de fermer les yeux un instant et de bien vouloir me donner la peine, si ce n’était pas trop me demander, de l’imaginer nue et en sueur sur le terrain. Or, c’est pourtant comme ça qu’il faudrait regarder activement la télévision : les yeux fermés. » Jean-Philippe Toussaint, La Télévision, éd. de Minuit, 2001, p. 162.