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Velléitaires? Nous?

Difficile de remettre en question la passivité du personnage romanesque contemporain quand on lit ce que Tess et Jude, les protagonistes du roman Document 1, de François Blais (L’instant même, 2012), disent d’eux-mêmes :

« Pas notre spécialité ça, les moves. Ma sœur dit que si le mot « velléitaire » n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer spécialement pour nous. Mais elle a tort, d’ailleurs elle dit ça juste pour faire shiner un des seuls grands mots qu’elle connaît. Velléitaire, ça veut dire que tu as l’intention de faire quelque chose, mais que tu branles dans le manche; eh bien je peux te jurer qu’on n’a jamais eu la moindre velléité. » (p. 37)

Un extrait qui se suffit à lui-même.

Épuiser le possible?

Dans son ouvrage intitulé Le dénouement, Lionel Ruffel évoque entre autres la figure de Bartleby pour traiter du personnage de roman contemporain. Selon l’auteur, Bartleby représente un pur exclu social, sans aucune volonté, mais dont la passivité est active. Sachant comment bon nombre de personnages préfèrent la potentialité de l’action à sa réalisation, la phrase suivante m’apparaît intéressante : « On en s’étonnera pas [que cette figure] entre en résonance avec une autres des figures deleuziennes, celle de ″l’épuisé″ qui, à la différence du fatigué, n’″épuise″ pas la réalisation mais le possible.»  Lionel Ruffel, Le dénouement, Paris, Verdier (Chaoïd), 2005, p. 94-95.