Fable

Définitions

« fable 1 (n. f., du latin fabula, “propos, récit”). Apologue en forme de récit allégorique illustrant une moralité, la fable forme par elle-même un tout littéraire autonome. Ce genre remonte à l’Antiquité (Ésope, Phèdre) et a été pratiquée dès le Moyen Âge français (Isopets) avant, bien sûr, d’être illustré par La Fontaine et plus tard par Florian (1792).

fable 2. Au théâtre, on se sert du mot fable pour traduire le grec muthos de la Poétique d’Aristote. La fable (muthos) est, selon lui l’ensemble des faits (pragmata) et des actions accomplies, organisées en système. C’Est l’histoire racontée par la pièce, remise à plat dans son déroulement chronologique. Elle est première par rapport aux caractères. Brecht a donné à cette conception aristotélicienne un développement nouveau : à ses yeux, la fable est un système plus logique que chronologique : le système des faits en organise le sens. La fable est alors bien autre chose qu’une trame élaborée dans un premier moment de l’écriture ; elle n’est pas seulement histoire mais récit en acte, découverte et imposition d’un sens. Instance de globalisation du sens, elle doit être reconstituée par le dramaturge ou le metteur en scène à l’occasion de chaque mise en scène. La notion de fable est donc aussi nécessaire et heuristique que problématique dès qu’on tente de la mettre en oeuvre. » (Michel Jarrety [dir.], Lexique des termes littéraires, Paris, Gallimard (coll. Le livre de poche), 2001, p. 180)

Lectures

Huglo utilise le terme de « fable » sans le définir, mais il ne semble guère s’agir davantage que d’un synonyme de « récit »

Sturgess, pour sa part, semble en faire l’équivalent de l’« histoire racontée », c’est-à-dire la série, linéaire ou non, des événements qui constituent le récit.

Villeneuve fait l’historique de la notion de « fable » (de la Poétique d’Aristote à Genette, en passant par les formalistes russes), au terme duquel elle déplore ce qui a mené à distinguer l’action racontée et le discours racontant, comme si des liens ne se nouaient pas pour conférer aux récits une valeur sémantique. Bref, la fable, telle que définie « aujourd’hui », est à l’opposé de l’entreprise de Villeneuve, qui vise à saisir « le mouvement par lequel les choses se rejoignent pour s’emmêler et se fragmenter à nouveau, tant et aussi longtemps que rien ne l’épuise » (p. 14).

Chose certaine, dans un cas comme dans l’autre, il n’est pas question de redéfinir le terme de « fable », celui-ci étant même peut-être désuet.