John Pier et Francis Berthelot, Narratologies contemporaines. Approches nouvelles pour la théorie et l’analyse du récit, Paris, Éditions des archives contemporaines, 2010.
Objet de la démonstration
L’ouvrage est un collectif qui rassemble des articles élaborés lors d’un séminaire sur les narratologies contemporaines qui a eu lieu à l’École des Hautes Études en Sciences sociales à Paris. Le but de ce séminaire était d’explorer les différentes voies de la recherche narratologique actuelle développée à l’échelle nationale et internationale. Ces articles se situent dans une position post-classique, c’est-à-dire qu’ils prennent pour objet le récit en lui-même et de façon autonome à partir d’outils d’analyses issus de diverses disciplines (linguistique textuelle, analyse du discours, pragma-linguistique, sociolinguistique, logique des mondes possibles, sciences cognitives, etc.).
Définitions du récit
Dès l’introduction, on peut sentir la présence de quelques définitions du concept de récit alors que l’on dresse la table en présentant chacun des articles du collectif. Philippe Roussin propose ceci à propos du récit :
« Promu par Gide et d’autres écrivains et critiques s’inspirant de l’anti-réalisme des symbolistes, le récit, forme brève, poétique et personnelle et spécifiquement française, met l’accent sur la narration au dépens de l’histoire comme séquence temporelle d’événements caractéristique du roman. […] Roussin, dans une perspective narratologique, en conclut que le roman est une des sous-classes du récit. […] Quant au modèle histoire/discours, héritier du formalisme russe et de la linguistique benvenistienne mais aussi de l’opposition pré-narratologique roman/récit, il fait que le récit est le produit d’une différence – une “relation différée” – entre l’action (l’histoire a lieu dans le passé) et la narration (le discours se déroule au présent), d’où une narratologie modale et une narratologie thématique. » (p. 10)
John Pier, quant à lui, définit le récit par rapport à l’intertextualité :
« Se démarquant de la thèse, avancée par les grammairiens du récit, d’une structure sous-jacente isolable du récit, John Pier propose un dispositif plus souple de la structuration narrative : celui-ci consiste en l’idée que les récits sont le produit d’une configuration de cadres intertextuels. » (p. 12)