Du surréalisme aux récits de l’extrême contemporain, on constate qu’une relation d’une rare complexité s’est nouée entre la littérature et l’épineuse question de la vérité, du faux et de leur figuration. Il en a résulté un glissement progressif du réel vers son travestissement nourri d’un scepticisme face aux systèmes d’explication reposant sur l’idée de l’unicité du Vrai et de la Raison. Ce tournant relativiste est à l’origine d’un ensemble de phénomènes mobilisés par la littérature, qui peuvent se résumer par l’idée d’une méfiance du texte à l’égard de lui-même, substituant au réalisme du roman classique de nouvelles formes littéraires qui ébranlent le contrat de la représentation du monde. Ce qui conduit à **un effondrement de la mimesis** et à **un éclatement des instances narratives en une polyphonie qui trouble les frontières du sujet**, dont l’une des particularités consiste en la multiplication d’« hommes de paille » et de « récits de paille » afin de se prémunir contre toute éventualité fâcheuse entraînée par l’entreprise de raconter. Il nous paraît urgent aujourd’hui de réfléchir sur la transformation de ces pratiques narratives qui s’offrent comme des « mensonges délivrés de celui d’être vrai », comme disait Adorno.
Auteurs : Guillaume Asselin, Lambert Barthélémy, Françoise Dubor, Walter Geerts, Zhao Jia, Frédéric Marteau, Simon St-Onge, Dominique Soulès, Gabriel Tremblay-Gaudette et Anne Ullmo.
ASSELIN, Guillaume et Simon SAINT-ONGE (dir.), Hommes de paille, récits de paille. La dissimulation dans la littérature, Montréal, VLB Éditeur (Le Soi Et L’autre), 2013, 228 p.