Objectif de la démonstration et approche privilégiée
L’une des grandes ambitions du Nouveau Roman était de déconstruire le personnage en tant qu’entité dotée d’une psychologie, d’une cohérence qui le rapproche de la personne. Ricardou fait valoir, en ayant comme corpus quatre (nouveaux) romans, les procédés textuels disloquant cette identité.
Points nodaux de l’argumentation
Le critique ressort trois principaux procédés textuels de dislocation :
1.Dissocier l’individu en fragments incomparables (activité disjonctive) et amalgamer ces éléments divers (patronyme, rôle social, nationalité, parenté, âge, apparence, etc.) Produire d’inquiétants amalgames. Ce que disait Hamon de l’incompatibilité signifié/signifiant. 2. Dans une même oeuvre, une multitude de protagonistes (plus de 150 !). Impossible pour eux d’avoir une consistance, il leur manque une suffisante continuité. 3. La parfaite absence du nom propre ou l’ère du pronominal. (Benveniste : « Je » ne peut être identifié que par l’instance du discours qui le contient »; Hamon : signe/personnage anaphorique) Le Je peut aussi bien permettre la mise en place du personnage que son exacte abolition.
Sur l’être et l’agir du personnage romanesque
Bien qu’il s’agisse d’une étude de cas, la proposition de Ricardou met en valeur de nouveaux procédés de caractérisation du personnage. Disloquer une identité, ce n’est pas l’anéantir.
Jean Ricardou, « Mort du personnage fictif », Pour une théorie du nouveau roman, Paris, Dunod, 1971, p. 235-246.