Fotis Jannidis définit ainsi la caractérisation : Characterization can be described as ascribing information to an agent in the text so as to provide a character in the storyworld with a certain property or properties, a process often referred to as ascribing a property to a character.
1. Propriétés du personnage
Caractéristiques (physiques, psychologiques, relationnelles) : Un cadre où il évolue; Un rôle dans l’action (Aristote, Greimas); Un discours (manière de s’exprimer, contenu véhiculé); Une constante dans un comportement; Une identité (onomastique à valeur symbolique (cratylisme), ses désignations); Un passé/une hérédité; Une situation/classe sociale, un métier; Un aspect physique; Un animal, un accessoire qui lui est lié; Une psychologie fixe ou évolutive; etc.
2. Textualisation des procédés de caractérisation
La présence ou l’absence des propriétés ci-haut nommées, ainsi que les modalités de leur inscription, caractérisent le personnage et caractérisent le texte qui le fait évoluer. Focalisation (point de vue, restriction de champ, intériorité); Narration; Discours (direct, indirect, indirect libre); Niveaux de langue (régionalismes, accents, aspects populaires, jargon, argot); Identification directe (nom propre, descriptions définies)/indirecte (selon ses actions, émotions); Introduction (première occurrence); La scène de révélation/dissimulation/travestissement, qui mène à une identification normale, fausse, empêchée, différée; Etc.
3. Processus lectoral et textuel de caractérisation
Le rôle du lecteur est d’établir le lien entre une propriété et sa signification (mauve = monarchie). La plupart des critiques textualistes, dont Lotman, conviennent qu’il existe un code culturel permettant une perception des traits du personnage comme un ensemble cohérent. Évolution historique et variation culturelle de la signification d’une propriété.
Au départ, le signe personnage est souvent vide; il se charge de sens, de valeur progressivement au fil du texte; c’est souvent seulement à la fin du roman qu’il est fixé, déterminé à la fois par des séries d’informations et de transformations ou évolutions. Le fonctionnement du signe personnage est cumulatif.
Au final, permettre ou contrecarrer l’illusion référentielle, au moyen de techniques d’écriture (anti-)anthropomorphiques.
Existence, individualité, singularité, unité des traits
Voilà les quatre conditions constituantes du personnage selon Margolin.
L’existence : satisfaite si et seulement si le texte l’établit; L’individualité : ses qualifications, propriétés physiques et mentales, what it is like ? La singularité : ses relations et différenciation vis-à-vis des autres personnages. Trois champs de différenciation : sa position spatio-temporelle, ses propriétés physiques et ses propriétés mentales (nature et hiérarchie).
Ces trois conditions sont logiques; la dernière, l’unité des traits, est optionnelle (pensons au Nouveau Roman). Le travail de l’analyste est d’établir un ordonnancement, une configuration globale : nommer et accumuler les propriétés, les classifier dans des dimensions sémantiques, identifier le résultat en termes de modèle, constater si le schéma est unique ou s’il se rapporte à un genre.