Archives par étiquette : narration

Personnage à identité multiple

Antoine Bréa nous offre, dans son œuvre Méduse, un cas particulier de personnage problématique. En effet, ce personnage, qui tient également le rôle de narrateur, possède une identité multiple qui se modifie au cours du texte : il est à la fois un homme amoureux, un drogué violent, un malade atteint du sida, un artiste, un meurtrier, un violeur, un pédophile et, finalement, un schizophrène.

Son rapport au temps est également complexe : « C’était il y a longtemps très longtemps, hier ou avant-hier. C’était vers le début, il y a plusieurs années […] c’était il y a trois ou quatre mois, quelques heures, je ne me rappelle plus bien. » (p. 29) Le personnage mentionne quelques fois sa mémoire défectueuse et il raconte souvent deux fois la même action, de manières différentes. À quelques reprises, il avoue que ce qu’il vient de dire n’est carrément pas vrai.

Il s’agit donc d’un narrateur contradictoire, indécis et incapable de démêler ses histoires et ses sentiments. Ses récits et son rôle deviennent ainsi très problématiques et la fiabilité de son discours s’érode.

Narrations d’un nouveau siècle, romans et récits français (2001‑2010)

Les actes du colloque qui s’est tenu au centre culturel et international de Cerisy‑la‑Salle du 16 au 23 août 2011, Narrations d’un nouveau siècle, romans et récits français (2001‑2010), publiés en février dernier, font l’objet d’un recensement chez Fabula. Lire ici le compte rendu qu’en fait Claire Colin.

La littérature contemporaine et le postmodernisme

Marc Gontard, professeur à l’Université Rennes 2, vient de publier un essai sur la littérature contemporaine intitulé Écrire la crise. L’Esthétique postmoderne. L’approche de Gontard est intéressante : il envisage moins la représentation de la crise que les manières de la raconter. Il consacre un chapitre au sujet/personnage qui, en témoignent les sous-titres, est on ne peut plus déconnecté : le sujet en Crise; L’altérité à soi; Le corps discontinu.

La relation personnage/narration

« Toute transformation profonde dans l’art du roman ne provient-elle pas d’abord d’une conception renouvelée du personnage qui entraîne, par suite, une conception nouvelle de la narration ? », se demande Belinda Cannone dans « Éléments d’une poétique du roman du XXe siècle », Optique de la description et statut du personnage, Paris, Quai Voltaire, coll. « Quai Voltaire, revue littéraire n° 8 », 1993, p. 72.

À toute conception du personnage, renouvelée ou non, correspond aussi une conception de la narration qui en témoigne.

De l’instance narrative à l’entité

La conférence de Francis Langevin « Style, point de vue et subjectivité : le roman ironique », qui a eu lieu le 21 février dernier, nous amène à réfléchir sur la caractérisation du narrateur anonyme, extradiégétique. Des marquages stylistiques implicites nous autorisent à inférer qu’un tel narrateur, parfois, adopte un point de vue. Or, avoir un point de vue constitue sans doute une propriété fondamentalement humaine; il s’agit donc d’une caractéristique anthropomorphisante. L’instance narrative, ainsi dotée d’une personnalité, se transmute en entité.