Si bon nombre de personnages contemporains ont l’impression de ne plus prendre part au monde qui les entoure, rares sont ceux qui parviennent à exprimer clairement leur étrange sentiment de déconnexion qui, la plupart du temps, ne trouve d’ailleurs aucun fondement.
Dans son roman Dehors, Éric Laurent nous présente le personnage de Léon Brumaire, un homme de trente-trois ans au chômage, mis à la porte de chez lui. Dépourvu de toute intention quant à son avenir lointain ou immédiat, Léon tente néanmoins de trouver les bons mots pour décrire son état :
« Je ne sais pas c’est un peu flou comme impression un peu nouveau aussi mais il me semble que ces derniers temps ma vie tout entière est devenue sabbatique c’est comme si je m’étais mis en vacance du monde et le plus terrible c’est qu’il n’est pas un seul domaine qui ne soit peu ou prou touché par ce désinvestissement général » (p. 27).
« Vie sabbatique », « vacance du monde », « désinvestissement général » : trois expressions qui illustrent bien ce sentiment un peu flou de déconnexion.
Éric Laurent, Dehors, Paris, Minuit, 2000.