Tristan Poque, personnage principal du roman Voyager léger de Julien Bouissoux (Éditions de l’Olivier, 2008) peine à comprendre le monde qui l’entoure et surtout les gens qu’il côtoie. Cela résulte chez lui en une certaine passivité, un certain détachement qui n’est pas sans rappeler les personnages de Jean-Philippe Toussaint et Christian Oster. Dans l’extrait qui suit, Tristan invite une collègue à aller prendre un café avec lui:
« – Mais où tu m’emmènes ?
– Bah: au café.
– J’avais compris que tu voulais qu’on aille à la machine à café.
J’ai examiné les options sur son visage.
– C’est bien meilleur quand c’est une vraie personne qui le fait. C’est dommage.
– Mais je bosse, moi. Qu’est-ce que tu crois ?
– Je ne crois rien. Je découvre les choses au fur et à mesure.» (p. 121-122)
Le personnage de Tristan donne l’impression d’éviter, peut-être par crainte d’éventuelles déceptions, de faire le moindre effort interprétatif. Le plus souvent, dans Voyager léger, il se laisse bercer par les événements sans se soucier de leurs conséquences sur lui ou sur les autres.