Tomachevski

Objet de la démonstration, approche privilégiée

Les propos de Tomachevski sur le personnage s’inscrivent dans une réflexion qui a pour objet principal le thème. Le critique est de l’école des formalistes russes, dont les travaux ont mis en place une théorie élaborée, immanente, de la littérature.

Points nodaux de l’argumentation

Un texte se décompose en unités thématiques. Les parties indécomposables, les plus petites particules du matériau thématique, constituent les motifs. Les motifs dynamiques se distinguent des statiques : les premiers changent la situation, les seconds ne la changent pas. Greimas tirera parti de cette distinction. La liste des motifs constants et variables peuvent servir à caractériser un genre. (Perspective de V. Propp, Morphologie du conte russe.)

En ce qui concerne le personnage, Tomachevski dira qu’il joue le rôle de fil conducteur permettant de s’orienter dans l’amoncellement des motifs.

Tomachevski relève certains cas de figure liés à la caractérisation, un procédé qui sert, dit-il à reconnaître le personnage. L’appellation; la caractérisation directe (l’information sur son caractère est donnée par l’auteur (sic), un autre personnage ou par lui-même) et indirecte (le caractère ressort de ses actes, de sa conduite); le caractère constant (qui reste le même au cours de la fable) ou changeant (qui évolue au fur et à mesure du déroulement de l’action).

Tomachevski s’attarde ensuite aux moyens pour capter l’attention et l’intérêt du lecteur. Le moyen fondamental, dit-il, consiste à provoquer la sympathie. Les types positifs/négatifs provoquent un rapport émotionnel sympathie/antipathie avec le lecteur. « Le personnage qui reçoit la teinte émotionnelle la plus vive et la plus marquée s’appelle le héros […] Le héros n’est guère nécessaire à la fable. La fable comme système de motifs peut entièrement se passer du héros et des ses traits caractéristiques ». Précision de type immanentiste : le rapport émotionnel est contenu dans l’oeuvre. La sympathie pour un personnage pourrait provoquer le dégoût et la répulsion pour le même caractère dans la vie réelle.

L’être et l’agir du personnage romanesque

 

Boris Tomachevski, « Le héros », dans Théorie de la littérature, Paris, Seuil, (1925) 1965, p. 293-298.