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Le personnage farfelu

Le laboratoire pluridisciplinaire LASLAR de l’Université de Caen Basse-Normandie lance un appel à communication pour un colloque ayant comme thème Le personnage farfelu dans la fiction littéraire (XXe-XXIe siècles). Voir l’appel ici.

On aime détester les personnages de roman

Faisant suite, en quelque sorte, à la réflexion d’Evan Gottlieb sur l’identification aux héros des romans que l’on lit, le New Yorker publie un petit sondage mené auprès de cinq romanciers sur la likeability de leurs personnages.

Margaret Atwood (s’auto-citant…) résume en disant : « Create a flawless character and you create an insufferable one. »

Et sur le rôle des personnages antipathiques, leur place dans la réussite d’un roman et le contrôle par les lecteurs, Tessa Hadley conclut de la sorte :

I’ve hated characters in the books I’ve read sometimes, and problematically, so that it spoiled the book. I couldn’t live with Mickey Sabbath on my bedside table. He roused a violent antipathy in me, even though I knew that was precisely what he was meant to do, rouse antipathy in someone like me, and I tried with all my might to resist feeling it. But I failed. So I know that this “likeability” thing isn’t altogether under readers’ control. I find Mrs. Dalloway a pain, too.

Construire un personnage

« Un personnage n’existe pas : existent les mots qui le suggèrent. »

« Un personnage n’existe pas : existe l’histoire qu’il contribue à porter. »

« Un personnage n’existe pas : existe la transparence qui fait voir la couleur de sa cervelle et la maladie de ses boyaux. »

Matt Olbren | Construire un personnage (aphorismes sur)

première traduction française du premier guide historique de l’american creative writing, par François Bon

 

Personnage peu marquant, lecteur peu marqué

« L’homme cultivé moyen peut citer plus de philosophes français vivants que de romanciers. Il est également capable de se rappeler un ou deux concepts aux noms compliqués — la déterritorialisation, le Panoptique, le Pli — mais il est incapable de citer le nom d’un seul personnage de roman français contemporain. » Aurélien Bellanger, La Théorie de l’information, Paris, Gallimard, 2012, p. 407-408.

Constat sévère sur la lecture, ou plutôt l’absence de lecture, des romans. Proposons une autre hypothèse : et si la difficulté de citer le nom d’un protagoniste était liée à la configuration des oeuvres contemporaines, qui mettent en scène des personnages inactifs, déconnectés, ordinaires voire effacés ?

Nouvel essai sur les personnages

Le centre de recherche sur les médiations (CREM) de l’Université de Lorraine vient tout juste de publier l’étude de Vincent Vercelle, Faire dire, pour décrire. Caractérisation langagière des personnages et poétique du récit dans la littérature comique et satirique (XVIIe et XVIIIe siècle).

L’auteur prend soin de préciser qu’il envisage la caractérisation comme procédant non pas des intentions esthétiques singulières d’un auteur, mais d’une poétique du récit; en d’autres termes, il s’agit d’un mécanisme du texte narratif, dont certaines constantes peuvent être décrites.

L’avatar salvateur

« Il n’avait pas de vie sentimentale parce qu’il était timide et c’est seulement devant l’écran, en devenant son avatar qu’il se débarrassait de sa timidité. Quand il éteignait son ordinateur, la timidité reprenait le dessus et c’était la raison pour laquelle il était constamment connecté. Sa vie réelle se déroulait dans le monde virtuel, éteindre son ordinateur équivalait à éteindre sa vie et qui pourrait faire ça, éteindre sa vie ? », Pia Peterson, Le Chien de Don Quichotte, Paris, éditions La Branche, 2012, p. 48.

« si ce n’était pas trop me demander »

On constate aisément l’agir problématique du personnage contemporain; même une action plaisante et peu engageante, imaginer, demeure pénible :

« je regardais tout cela distraitement, imaginant une de ces joueuses nue sous son maillot à bretelles, un peu passivement, sans vrai effort d’investigation, sans chercher à connaître (…) la nudité réelle de cette jeune femme, ni même, au prix d’un effort pourtant minime, de fermer les yeux un instant et de bien vouloir me donner la peine, si ce n’était pas trop me demander, de l’imaginer nue et en sueur sur le terrain. Or, c’est pourtant comme ça qu’il faudrait regarder activement la télévision : les yeux fermés. » Jean-Philippe Toussaint, La Télévision, éd. de Minuit, 2001, p. 162.

Épuiser le possible?

Dans son ouvrage intitulé Le dénouement, Lionel Ruffel évoque entre autres la figure de Bartleby pour traiter du personnage de roman contemporain. Selon l’auteur, Bartleby représente un pur exclu social, sans aucune volonté, mais dont la passivité est active. Sachant comment bon nombre de personnages préfèrent la potentialité de l’action à sa réalisation, la phrase suivante m’apparaît intéressante : « On en s’étonnera pas [que cette figure] entre en résonance avec une autres des figures deleuziennes, celle de ″l’épuisé″ qui, à la différence du fatigué, n’″épuise″ pas la réalisation mais le possible.»  Lionel Ruffel, Le dénouement, Paris, Verdier (Chaoïd), 2005, p. 94-95.

La littérature contemporaine et le postmodernisme

Marc Gontard, professeur à l’Université Rennes 2, vient de publier un essai sur la littérature contemporaine intitulé Écrire la crise. L’Esthétique postmoderne. L’approche de Gontard est intéressante : il envisage moins la représentation de la crise que les manières de la raconter. Il consacre un chapitre au sujet/personnage qui, en témoignent les sous-titres, est on ne peut plus déconnecté : le sujet en Crise; L’altérité à soi; Le corps discontinu.